"16 regards d'artistes sur l'origine du monde" carte blanche à
Exposition du 28 janvier au 27 février 2016

 

 

"16 regards d'artistes sur l'origine du monde" exposition collective sous la direction de Philippe Lagautrière 


avec Frederic Arditi, Serge Bloch, Marc Bonnet, Marc Brunier Mestas, Olivia Clavel , Isabelle Cochereau, Flechemuller Jacques, Medi Holtrop, Jocelin Jocelin, Philippe Lagautrière, Miss Tic, Jean-Philippe Muzo, Marie-Noëlle Pécarrère, Michel Quarez, Frederic Voisin, Willem

 


" Gustave Courbet peint « L’Origine du monde » en 1866. Le tableau a appartenu à trois propriétaires successifs : un diplomate ottoman, un collectionneur hongrois et JacquesLacan. Chacun l’a voilé ou bien dissimulé derrière un cache. En 1994, un an avant son acquisition par le musée d’Orsay, la toile est reproduite sur la couverture du livre de Jacques Henric, « L’Adoration perpétuelle ». De bons citoyens exigent qu’il soit retiré des vitrines des librairies. En 2011, Facebook clôture le compte de deux abonnés qui publient l’oeuvre sur leur page : l’un d’entre eux porte plainte contre la multinationale. Le procès est en cours à Nantes. À Marseille, en août dernier, l’exposition “Vomir les yeux” du collectif Dernier Cri déclenche les foudres de l’extrême droite. On pourrait multiplier les exemples. Nous baignons dans un flux constant d’images télévisuelles, publicitaires, etc. qui alternent à grande vitesse meurtres, barbarie, cynisme, pornographie, mais qui ne sont pas censurées et ne subissent aucun opprobre. La nudité, la sexualité lorsqu’elles sont représentées par des artistes sont aujourd’hui censurées sur fond de contestation du mariage pour tous, de déploiement des intégrismes de tous bords et de grand retour des intrusions des biens pensants dans nos vies.

 

Face à ce contexte, Philippe Lagautrière a accepté la carte blanche que lui a proposé Corinne Bonnet. Il a choisi de réunir seize peintres autour de « L’origine du monde » :« Le fil de cette exposition, dit Philippe Lagautrière, c’est la diversité des approches. Seul un sujet fort permet cette diversité. A l’unicité du regard puritain, les artistes offrent la diversité de leurs regards. Ils peuvent chacun aborder ce sujet de façon singulière. C’est ce qui fait la pertinence de leur travail. Ce n’est pas un hommage à Courbet, mais à sa liberté, et ce n’est pas une provocation. Ce qui les motive ici, c'est cette liberté d'expression qui est bafouée, censurée, dès que les sujets un peu chauds excitent les puritains.»


Parmi les 15 artistes réunis par Philippe Lagautrière, figurent les noms emblématiques de Willem, Olivia Clavel, Michel Quarez, Muzo, Serge Bloch, Miss Tic connus pour la force de leurs prises de position esthétiques et politiques. Frédéric Arditi, Marc Brunier-­‐Mestas,Isabelle Cochereau, Jacques Flechemuller, Medi Holtrop, Jocelin, Marie-­‐Noëlle Pécarère, et Frédéric Voisin les ont rejoint. Marc Bonnet, lui, est décédé en 2012. Véritable étoile filante, il s’est insurgé contre un système qui bafoue quotidiennement les droits humains, cultive la peur de l’autre, méprise les artistes et les enferme dans un système de spéculations grossières. Tous ont été fondamentalement libres : format, technique, sujet, …


« Ce qui m’intéresse, dit Corinne Bonnet, c’est de mettre un pied dans la porte : c’est bien parce qu’une oeuvre d’art n’est pas pornographique que les puritains la censurent. La pornographie est le double inversé du puritanisme. Comme lui, c’est une aliénation, une façon de figer nos désirs dans un conformisme aussi trash soit-­‐il. Un ou deux clics suffisent d’ailleurs pour y avoir accès. Censurer une oeuvre, c’est admettre que l’art est dangereux incontrôlable, subversif parce qu’il est avant tout l’expression de singularités qui font bouger les lignes. On ne maîtrise pas les artistes. C’est même leur principale vertu et la protection des moeurs offre un alibi facile aux censeurs. »


Théophile Gautier disait de Courbet qu’il était le « Watteau du laid ». Courbet revendiquait la beauté, celle qui dérange. C’était un visionnaire. Un moderne. Un irréductible. Un peintre ‐ si c’en est un -­ ouvre des possibles, transcende le réel, nous fait sortir de nos gonds. Sinon, à quoi bon ? " ( Janvier 2016)