Montreur d'images
du 1er décembre 2012 au 5 janvier 2013

“Iconophage patenté, Philippe Lagautrière est au travers de sa peinture l’expression d’une mémoire vive de notre culture de l’image et du son. A la fois enlumineur et chroniqueur de notre contemporanéité, il nous délivre un état d’esprit figuratif dont la matière nous renvoie à son art de la compilation” Pierre Ponant, in “Inspiration”, éditions  Critères/ Paris-Musée, 2005

 

 

Texte de Philippe Lagautrière pour l'exposition :

 

"Q : -Expliquez nous le concept du titre de cette nouvelle exposition ?

R : -Depuis un moment, je ne me sens plus « artiste », au sens, par exemple cité par Wikipedia (Un artiste est un individu faisant (une) œuvre, cultivant ou maîtrisant un art, un savoir, une technique, et dont on remarque entre autres la créativité, la poésie, l'originalité de sa production, de ses actes, de ses gestes. Ses œuvres sont source d'émotions, de sentiments, de réflexion, de spiritualité ou de transcendances. Dans un sens commun, et plutôt péjorativement ou pour la disqualifier, on parle également d'artiste ou de poète à propos d'une personne étrange, marginale, oisive, rêveuse, qui fait n'importe quoi, de quelqu'un qui n'a pas le sens des réalités, des règles, et est parfois considéré comme rebelle, sot ou fou.)

 

L'Unesco a proposée une définition ouverte, déterminée par la conscience individuelle, dans sa Recommandation relative à la condition de l'artiste (adoptée à Belgrade, le 27 octobre 1980) : « On entend par artiste tout personne qui crée ou participe par son interprétation à la création ou à la recréation d'œuvres d'art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l'art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit liée ou non par une relation de travail ou d'association quelconque. »

 

Hors, il se trouve que la fonction primordiale d’un « artiste », n’est plus de cultiver ou de maîtriser un art, mais de placer la barre toujours plus haute dans l’étonnement du gogo, je parle bien sur de l’art à une seule voix, celle d’une poignée de collectionneurs dictant leurs choix aux goûts pré formatés du public (s’il veut bien suivre !). La part du gâteau reste aux artistes morts, qui ont fait leur preuve et qui récoltent la plébiscitation du public, souvent à coup de campagnes publicitaires et médiatiques, mais c’est dans l’air du temps…

 

Q : -Mais vous ne nous donnez pas le concept du titre ?

R : - J’y viens. Devant la tournure et l’ampleur de l’état des lieux, je me suis replié vers un état singulier, celui de me sentir comme, disons, un montreur d’ours, allant de village en village pour montrer un animal hors du commun, des images, plutôt que des œuvres d’art, selon l’acceptation actuelle du terme.
Fin de la conversation "  (Paris, décembre 2012)